Les mouvements pédagogiques travaillent depuis longtemps sur les questions de citoyenneté.

3 questions à Catherine Frachon, Secrétaire Générale de l’Office central de la coopération à l’école (OCCE)

L’OCCE prône une démarche coopérative. En quoi consiste-t-elle ?

Dès sa création en 1928, l’OCCE, inspirée par la coopération économique, a considéré la classe comme une « petite république » qui se gère démocratiquement en développant la solidarité et la coopération plutôt que la compétition. Concrètement, l’OCCE apporte un soutien à la gestion coopérative des projets menés dans les classes et fournit un cadre institutionnel et des outils pour aider les enseignants à adopter des postures et des pratiques qui transforment la vie et les relations dans la classe mais aussi de façon plus large dans l’école.

Quels sont ces outils ?

L’élément principal est le conseil de coopérative comme instance démocratique de débat et de participation à la vie de la classe. Chaque élève, quel que soit son rythme, ses forces et ses faiblesses, doit pouvoir s’engager dans ses apprentissages, prendre sa place dans la vie de la classe, la construction collective de projets, dans un dispositif de coopération. Cela suppose d’être capable de prendre la parole, d’être écouté et d’écouter, et de penser l’intérêt général. Il s’agit là d’un lent apprentissage qui suppose aussi pour l’adulte de repenser sa posture d’enseignant. L’OCCE encourage et propose aussi un certain nombre de projets transversaux autour des pratiques artistiques, de l’environnement...

En quoi cette démarche participe-t-elle de l’éducation à la citoyenneté ?

Ce type de pédagogie permet à chacun de se rendre utile au collectif, d’y être reconnu, mais aussi de connaître et d’accepter les autres pour s’engager ensemble. On y apprend les notions de responsabilité et de respect qui sont essentielles pour vivre ensemble. La loi de refondation et les mesures prises suite aux événements récents sont l’occasion de redonner souffle et visibilité aux mouvements pédagogiques qui travaillent depuis longtemps en profondeur sur ces questions de citoyenneté. Cela suppose de combattre une tendance très présente dans la société, chez certains parents comme certains enseignants à défendre une école recentrée « sur les fondamentaux », génératrice d’exclusion. Pour cela, le passage par la formation est essentiel car ces démarches demandent un investissement important des enseignants.